- WOLS
- WOLSWOLS WOLFGANG SCHULZE dit (1913-1951)À cette figure déjà légendaire de l’immédiat après-guerre il est difficile d’attribuer sereinement sa place exacte, tant elle est prise entre la tradition presque rassurante des «artistes maudits» et l’exploitation posthume qui a été faite de son nom, peut-être avec de bonnes raisons, par un certain nombre de peintres parvenus, eux, à une gloire beaucoup plus confortable. La brève carrière de Wols, né à Berlin, débute au Bauhaus et se poursuit à Paris, où, à la veille de la Seconde Guerre mondiale, tout en pratiquant la photographie pour gagner sa vie, il commence à peindre, avec les encouragements de plusieurs artistes, notamment Miró et Calder. La guerre l’exile dans le midi de la France et, quand il se retrouve à Paris en 1945, les exigences spécifiques de sa création redoublent bientôt les difficiles conditions matérielles où il se débat. Alcoolique, drogué, il cherche à arracher à chaque mouvement de sa main (la plupart de ses œuvres sont de petite dimension) l’expression d’un absolu qu’il porte en lui et dont la présence n’est sensible à l’époque qu’à un petit nombre d’intellectuels, notamment Pierre-Henri Roché, Paulhan, Artaud (qu’il illustrera) et Sartre, qui dira que les tracés de Wols «semblent appartenir simultanément aux trois règnes de la nature et peut-être à un quatrième ignoré jusqu’ici». Il fait proliférer dans ses aquarelles et dans ses gouaches des signes inquiétants, à la fois calligraphiés et frénétiques, qui suggèrent d’autres «combinaisons» possibles, tantôt dilatées jusqu’à l’infini, tantôt rageusement ramassées. Ses eaux-fortes révèlent un «métier» exemplaire en même temps qu’un pathétique aigu. Ses grands formats, peu nombreux, présagent plus directement la peinture gestuelle. Resté longtemps ignoré, Wols devait mourir un an après la première grande rétrospective qui lui fut consacrée à New York.
Encyclopédie Universelle. 2012.